ASSO et Solidaires quittent le comité de filière Animation qui ne sert qu’à cacher le manque d’ambition de l’État et des employeurs pour les métiers de l’animation

Après une mobilisation historique des salarié·es de l’animation pour crier leur besoin de reconnaissance en 2021 et 2022, et le constat partagé à toutes les échelles d’une crise profonde de la filière animation, et suite à des assises de l’animation organisée par le gouvernement sans aucune ambition réelle pour la filière, le gouvernement a mis en place il y a plus d’un an un comité de filière animation.

Le Comité de filière animation est un échec et ne vise qu’à créer des réunions institutionnelles, concentrées et chronophages, pour que rien ne bouge.

Même si nous avions accueilli la création du Comité de filière animation avec grand scepticisme, nous avions décidé de nous y impliquer afin de défendre le secteur et les travailleur·euses de l’animation et faire entendre leur voix. La filière de l’animation repose bien sur les salarié·es qui font vivre au quotidien les actions d’éducation, de lien, d’ouverture, d’émancipation et de citoyenneté encore plus indispensables aujourd’hui.

Un an après, force est de constater que la situation des travailleur·ses ne s’est pas améliorée, et qu’elle a même stagné voire empiré, sur fond d’inflation et de hausses des salaires totalement indignes dans les branches publiques et privées. Le comité de filière, investi très massivement par l’ensemble des employeurs et collectivités territoriales, a alors constitué un lieu pour saboter toute perspective de revalorisations nécessaires à la reconnaissance des salarié.es. Tandis qu’il peine à dessiner de vraies perspectives, celui-ci a été et est instrumentalisé par le gouvernement pour servir de tremplin et d’espace de pseudo-concertation autour du SNU.

Les employeurs de l’animation (associations et collectivités locales) eux, ne font qu’entraver les mesures qui pourraient améliorer le quotidien des animateur·trices : pousser vers le bas les salaires à toutes les échelles, saboter la lutte contre les temps partiels subis, militer pour une revalorisation du contrat d’engagement éducatif pour éviter à tout prix que le gouvernement le réserve aux Accueils Collectifs de Mineurs avec hébergement.

Au lieu de s’en prendre aux droits des salarié·es et aux syndicats qui les représentent, c’est au gouvernement que les employeurs devraient demander plus de moyens.

L’Union syndicale Solidaires ne participera plus à ce simulacre

Si certaines associations et collectivités sont en difficulté, ce n’est pas aux salarié·es et aux publics, en premier lieu les enfants et les jeunes, d’en payer le prix.

Nous assistons avec sidération à la mise en place du dispositif coûteux, délétère et réactionnaire qu’est le SNU avec la participation complice de certaines grandes associations dites d’éducation populaire, qui n’ont qu’une vision gestionnaire et à court terme, alors même que ces dispositifs siphonnent tous les financements alloués aux associations et structures d’éducation populaire, si nécessaires actuellement et dans les prochaines années.

Plutôt que de souhaiter investir des milliards dans le SNU, il est prioritaire d’investir dans la qualité de l’accueil, de l’accompagnement et de l’éducation des jeunes, des enfants et de tous les publics. Ils et elles en tireront plus de bénéfices d’avoir auprès d’eux des animateurs·rices soutenu·es, reconnu·es et dignement payé·es que de saluer tous les matins la levée de drapeau.

Un bilan bien chétif

Entre les annonces et la réalité, après plus d’un an d’existence du comité, le bilan est quasi-nul :

  • Les Contrats d’Engagement Éducatif ne sont toujours pas interdits pour les Accueils Collectifs de Mineurs sans hébergement, alors que la mesure avait été annoncée suite aux Assises de l’Animation. Aucune perspective sérieuse dans ce sens n’est actée.
  • Le temps de préparation des animateur·trices pour leurs activités n’est pas à la hauteur : rien n’est prévu de façon obligatoire dans le public et ce qui est prévu dans le secteur privé est indécent et déconnecté de ce que demandent des animations de qualité. Il est donc assumé par les employeurs·ses que de nombreux·ses salarié·es devront préparer leurs activités sur du temps bénévole, ce qui est inacceptable et illégal.
  • Aucune mesure n’est discutée pour augmenter les taux d’encadrements, taux qui ont été diminués ces dix dernières années avec la mise en place des PEDT.
  • Les salaires sont toujours indécents, avec une majorité de travailleur·euses en situation de temps partiel subi et de précarité qui touche tout particulièrement des femmes.
  • Le groupe de travail du comité de filière autour du SNU n’a aucun intérêt vu qu’il a été décidé par le gouvernement la généralisation et l’obligation du SNU, sans aucune concertation réelle des acteurs·trices de la branche. Son seul rôle est de permettre à certaines grandes fédérations dites d’éducation populaire de se placer comme opérateurs de ce nouvel embrigadement
  • Aucun fond massif à la hauteur des enjeux n’est concédé par le gouvernement à un secteur et à une filière si indispensable et si peu reconnue.

Pourtant, les solutions existent

Dans la Branche privée de l’animation :

  • Une augmentation réelle et immédiate des salaires.
  • Un renforcement des taux d’encadrement : un animateur·trice pour 8 enfants de moins de 6 ans et un animateur·trice pour 12 enfants de plus de 12 ans. Jamais en dessous !
  • Une prise en compte du temps de préparation à la hauteur de 33 % minimum du temps d’animation.
  • Un arrêt de la dérogation régressive au temps partiel accordée par la convention collective de l’animation ECLAT (le syndicat patronal Hexopée fait des manœuvres pour empêcher le droit d’opposition des organisations syndicales CGT et Solidaires pourtant majoritaires dans la branche de l’animation ECLAT).
  • L’arrêt de l’obligation du SNU et le redéploiement du budget vers d’autres dispositifs permettant une réelle mixité et des actions émancipatrices (animations de proximité et dans les territoires, classes découvertes, colonies de vacances…).
  • La suppression des Contrats d’Engagement Éducatif et leur requalification en CDI ou CDD, et des sanctions pour les employeurs·ses, en trop grand nombre, qui n’en respectent pas le cadre.
  • Obligation de déclaration de tous les temps d’accueil auprès de Jeunesse et Sport afin de contrôler les taux d’encadrement.

Dans la branche publique :

  • Comme dans le privé les taux d’encadrement dérogatoires permis par les Plans Éducatifs Locaux et PEDT (portant engagement sur la qualité éducative des accueils) n’ont pas de sens.
  • 1 pou 8 enfants de moins de 6 ans et 1 pour 12 usager·s de plus de 6 ans c’est bien assez !
  • Obligation de déclaration de TOUS LES temps d’accueil auprès de Jeunesse et Sport, pour en finir avec les accueils à un·e encadrant·e pour 20 enfants voire plus.
  • Titularisation des contractuel·les de la fonction publique pour une reconnaissance de la professionnalisation des agents, abandon temps partiels subis et des vacations.
  • Création d’une filière animation digne de ce nom, notamment par la création d’une catégorie A permettant la valorisation de la filière et l’évolution professionnelle.
  • Dans le cas où le temps de travail serait annualisé, cette annualisation doit permettre le calcul et la rémunération (majorée) des heures supplémentaires ou a minima permettre leur récupération (elle aussi majorée).
  • Le respect des statuts de la fonction publique.

Un comité de filière Animation qui se fera sans les salarié·es de l’animation

Après la CGT, Solidaires refuse à son tour de servir de caution et ne souhaite pas poursuivre un travail qui ne se transpose que par des accords défavorables dans le secteur privé et par un immobilisme dans le secteur public. Le comité de filière se fera sans les syndicats représentant de façon majoritaire les salarié·es dans la branche de l’animation ECLAT.

Il ne nous semble pas possible de faire fi des blocages et attaques du patronat (Hexopée) dans la branche privée de l’animation, et de l’incapacité des collectivités et employeurs à exiger plus de moyens de l’État. Ce sont donc les salarié·es et la qualité d’accueil des jeunes qui en sont la première variable d’ajustement.

Il ne nous est également pas possible de faire fi du positionnement public de certains de nos employeurs au sein de ce comité, en contradiction totale avec ce qui se passe réellement sur le terrain. Ceux-ci manœuvrent jour après jour pour que notre secteur qui a tant de besoins de revalorisation et de régularisation reste le royaume de la précarité et des dérogations au Code du travail.

Nous préférons investir notre énergie à la défense des revendications que nous portons depuis longtemps, plutôt que continuer à perdre notre temps dans un comité dans lequel les syndicats représentants les salarié·es ne bénéficient d’aucune écoute et qui sert davantage à se placer et à se faire mousser par l’État pour certain·es participant·es, qu’à défendre une réelle reconnaissance des travailleur.uses et activités de la Branche, servant davantage les ambitions individuelles. C’est pourquoi, nous ne participeront plus à ce comité, aussi chronophage qu’inutile.  

Nous tenons à réaffirmer à tous·tes les travailleur·euses de la Branche que nous continuerons à défendre leurs droits sans relâche !

L’animation et l’éducation populaire sont indispensables à la société.

Mépriser à ce point les salarié·es contribue à mépriser tout le secteur. Les mobilisations des salarié·es doivent continuer !

Lien vers le communiqué : https://syndicat-asso.fr/wp-content/uploads/2024/01/Communiqué-Solidaires-Comité-de-Filière-Animation-8-janvier-2022.pdf

Découvrez le guide d’autodéfense à l’usage des salarié-es des très petites associations !

Dans le cadre de la campagne électorale TPA (Très Petites Associations) qui a eu lieu du 22 mars au 6 avril 2021, ASSO-Solidaires a produit un guide d’autodéfense à l’usage des salarié-es des TPA, et il est beau ! Ce guide reste d’actualité pour tout·e salarié·e associatif qui souhaite mieux connaître ses droits ! (Merci Anaïs Enjalbert pour la couverture !)

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Section ASSO 29 (Finistère) : de nombreuses rencontres et actions au programme

ASSO 29 organise de nombreuses soirées de rencontres et d’échanges sur la question du salariat associatif :

  • « Comment ça va dans ton asso ? » : un cycle de 4 soirées de réflexion et d’enquête, pour faire se rencontrer des salarié.es pour partager des problématiques de travail en milieu associatif. L’événement est co-organisé avec Réseau Salariat 29, de février à mai 2024. « Te plains pas, c’est pas l’usine », « C’est pour la bonne cause », « Transformation sociale, gestion excel ! », et « Vous avez dit « Démocratie » ? »
  • Rencontre avec l’observatoire des libertés associatives, le jeudi 21 mars 2024, a rassemblé 20 personnes. Soirée coorganisée entre le syndicat ASSO Solidaire 29 et le Patronage Laïque Guérin. « La situation des libertés associatives en France, l’autocensure dans l’éducation et les ripostes existantes et souhaitables ! »

Comment ça va dans ton asso ?

Ce cycle a pour objectif de faire se rencontrer des salarié.es pour partager des problématiques de travail en milieu associatif.

Ces 4 temps d’échanges et de récits sur le travail seront articulés autour de différents temps et ateliers d’animation ou d’enquête pour réfléchir collectivement à des perspectives d’émancipation.

Te plains pas c’est pas l’usine ! mercredi 14 février 2024 (10 personnes)
Si le travail associatif a longtemps été associé à un geste de résistance permettant un certain engagement au service de valeurs partagées, la dégradation des conditions de travail de plus en plus pesantes tendent à relier l’éthique du dévouement à une certaine auto-exploitation dans des secteurs d’activités de plus en plus précaires…
* La soirée alternera différents temps d’échanges et de récits autour de problématiques de travail en milieu associatif. Un temps spécifique s’attardera sur l’ouvrage « Te plains pas, c’est pas l’usine. L’exploitation en milieu associatif » . Zalzett Lily et Fihn Stella, Niet éditions – 2020.

C’est pour la bonne cause ! mercredi 13 mars 2024 (20 personnes)
Le salariat en milieu associatif s’est essaimé sur une promesse d’émancipation et un désir de travailler autrement. Cependant, aujourd’hui de nombreux cas font état de désillusions, de conflits voire de souffrance au travail où le désenchantement prend peu à peu la place de l’espérance…
* La soirée alternera différents temps et ateliers d’animation et d’enquête autour de problématiques de travail. Un temps de décryptage des ambivalences qui traversent le milieu associatif sera étayé par la lecture et l’arpentage du livre « C’est pour la bonne cause ! Les désillusions du travail
associatif ». Simon Cottin Marx, éditions de l’Atelier – 2021.

Missions sociales, gestion Excel ! mercredi 10 avril 2024
La professionnalisation des associations s’accompagne trop souvent de leur marchandisation. La dérive gestionnaire des « entreprises associatives », leur devenir de prestataires, leur mise en concurrence par des logiques de marché (appel d’offre, appel à projet…), tout comme le management et les impératifs de performance ou de rentabilité métamorphosent le monde associatif, au détriment de l’utilité sociale…
* La soirée s’appuiera à échanger sur la complexité du travail en milieu associatif à travers le 1er rapport de l’observatoire citoyen de la marchandisation des associations, paru en 2023.

Vous avez dit : « Démocratie » ? mercredi 15 mai 2024
La démocratie est une affaire de base et de sommet tout comme la relation employeur-salarié est une singularité du travail en milieu associatif. Si d’aucuns affirment que les associations sont des espaces de vitalité et d’expérimentation démocratique, derrière cette parure, de nombreux rapports de dominations et de hiérarchies sont à l’œuvre. Les méthodes de gestion et d’organisation du travail, sous couvert de participation, n’expriment-elles pas une démocratie en trompe-l’œil ?

Rencontre avec l’observatoire des libertés associatives

Le jeudi 21 mars 2024 (20 personnes)
Soirée coorganisée entre le syndicat ASSO Solidaire 29 et le Patronage Laïque Guérin.

  • Présentation des travaux de l’observatoire et de la situation des libertés associatives en France par Antoni Delfini, sociologue et membre de l’observatoire.
  • Présentation des enjeux, problématiques et menaces de dissolution, temps d’échanges autour des différentes typologies d’entraves et contextualisation au regard de l’actualité locale.
  • Présentation du contrat d’engagement républicain (CER).
  • Esquisse du travail d’enquête en cours de l’observatoire concernant l’autocensure dans les structures d’éducation populaire. Temps d’échanges sur les risques et conséquences pour le secteur associatif.
  • Formulation des ripostes à envisager dans le contexte actuel: débat mouvant traitant des recours juridiques et des marges de manœuvre du militantisme en secteur subventionné.
  • Conclusion et échanges sur les possibilités de construction du rapport de force, ici et maintenant.

Contact : section locale ASSO-Solidaires 29 – asso29@syndicat-asso.fr

Communiqué de l’Union syndicale Solidaires suite à la CMPPNI fusion du 6 février 2024 – branche ECLAT

Nous sommes au regret de constater que depuis la dernière réunion CPPNI du 21 novembre, nos demandes et revendications concernant le bon fonctionnement de nos instances, la loyauté des échanges et le respect du droit d’opposition, n’ont pas été entendues. Concernant la situation au sein de la branche Eclat à propos des temps partiels subis, et en particulier sur les avenants 201 et 202, nous réitérons notre opposition à ces avenants délétères pour les salarié·es. Nous sommes et resterons en effet opposé·es à toute mesure qui maintient les salarié·es du secteur dans une précarité subie, avec des conditions d’emploi et de rémunération dégradées. Afin de sortir par le haut de la situation actuelle, nous demandons donc la réouverture d’urgence d’un cycle de négociation sur le temps partiel.

Concernant le dialogue au sein de la branche, nous déplorons toujours ce manque de loyauté et de respect des positions affirmées par nos syndicats. Afin de préparer la réunion de ce jour, nous avons reçu les documents moins de 3 jours ouvrés avant la réunion ; ces délais sont inacceptables et ne peuvent en aucun cas permettre de préparer sérieusement des échanges, ni de participer à la réunion. Concernant l’avancement des travaux de la CPPNI Fusion, les conditions d’un échange de qualité dans la branche ne sont toujours pas réunies pour avancer sur des sujets aussi importants que le processus de fusion. Concernant les avenants sur la formation professionnelle au sein de la CPPNI fusion, nous vous informons de l’utilisation de notre droit d’opposition contre ce texte qui n’a pu être débattu dans des conditions satisfaisantes. Audelà des questions de forme, nous nous opposons également sur le fond à ce que l’argent de la formation professionnelle des salarié·s soit utilisé pour la formation des dirigeants bénévoles. L’argent de la formation des salarié·s doit être utilisé pour les salarié·s !

Nous demandons donc :

– la réouverture d’urgence d’un cycle de négociation sur le temps partiel ;

– que la Commission Paritaire de Fusion des branches se déroule désormais systématiquement en présence de la Direction Générale du Travail ;

– que les textes soumis à discussion soient envoyés dans des délais raisonnables aux organisations syndicales de salarié·es (minimum 10 jours à l’avance) ;

– que l’ensemble des modifications réalisées dans les textes par le syndicat patronal Hexopée soient systématiquement notifiées et expliquées.

Nous réaffirmons également que nous refuserons de participer aux discussions de la CPPNI fusion tant que les revendications préalables ne seront pas entendues et que nous nous réserverons le droit de nous opposer à tout avenant issu de la CPPNI Fusion contraire à nos valeurs et revendications, dans le but de continuer à défendre les salarié·es de la branche.

Signataires : ASSO-Solidaires, Sud Culture Solidaires, Sud Santé Sociaux

STOP à l’instrumentalisation du combat féministe !

Le 19 février 2024

La ministre Aurore Bergé a menacé dimanche 11 février de couper les subventions des associations féministes « à la moindre ambiguïté » sur l’attaque du 7 octobre. Nous dénonçons l’instrumentalisation du combat féministe pour punir celles et ceux qui ont des opinions divergentes de celles du gouvernement.

Ni Aurore Bergé, ni les autres ministres, ni Emmanuel Macron n’ont de leçon de féminisme à faire aux féministes.

Depuis 2017, depuis que le mouvement des femmes est devenu incontournable, Macron et ses ministres n’ont eu de de cesse de s’en réclamer tout en le mettant au service de leur agenda, aux dépens des femmes qui plus que jamais luttent contre les violences et les discriminations.

Tout en faisant du féminisme la « grande cause du quinquennat », le président Macron et ses ministres n’ont eu de cesse de saboter le travail contre les violences sexistes et sexuelles : 

• inquiétudes sur « une société de la délation généralisée » (E. Macron, 25 novembre 2017), 
• déguisement du sous-financement des associations (« 420 millions dédiés à la lutte, vraiment ? », encore en 2017),
• traitement « d’homme à homme » et complaisance envers les ministres accusés de violences sexuelles,
• soutien aux personnalités accusées de violences sexuelles, qui feraient « honneur à la France »,
• instrumentalisation et traitement différencié des violences sexuelles, celles des « ennemis » politiques devant être sans cesse rappelées et condamnées tandis que celles des alliés sont tues, le féminisme étant ainsi utilisé dans des procès à charge, souvent sur fond de racisme.

La menace de cesser de financer les associations féministes s’inscrit dans une longue suite de prises de positions préjudiciables aux femmes et complaisantes envers leurs agresseurs, mal cachées derrière des discours pseudo-féministes. Nous dénonçons cette manie de s’en prendre aux libertés associatives chaque fois qu’une association ose s’exprimer contre l’avis du gouvernement. Et nous la dénonçons avec d’autant plus de vigueur quand ces associations assurent les missions de service public d’un État défaillant, qui s’est défaussé sur les associations militantes de missions essentielles comme la lutte contre les violences sexuelles, de la prévention et de l’éducation à l’accompagnement des personnes victimes.

Nous dénonçons par la même occasion cette instrumentalisation du féminisme à des fins racistes qui visent à hiérarchiser les vies humaines et à justifier un génocide. Notre féminisme ne peut qu’être anti-raciste, par et au service de la liberté de toutes les femmes. Notre féminisme n’est pas au service de l’impérialisme ou de la suprématie blanche et la lutte pour les droits des femmes ne pourra jamais être instrumentalisée pour justifier des projets coloniaux et/ou génocidaires. Notre féminisme est international et anticolonial !

La volonté hégémonique d’un président et d’un gouvernement mal élus, leur prétention à dire quelles sont les « bonnes » associations féministes et quelles sont les « mauvaises » se heurte à la réalité : ce sont les associations et les militantes féministes qui aujourd’hui font le boulot. Leurs menaces sur ces associations font de ceux qui les profèrent les ennemis des femmes et les alliés objectifs du patriarcat.

Les associations assurent souvent des missions qui ont été abandonnées par l’État, qu’il a externalisées, qu’il fait mener à moindre coût, en partie sur du bénévolat, qu’il pilote par appels à projets. Non seulement il dicte les (mauvaises) conditions matérielles de réalisation de leur action mais il prétend désormais mieux connaître la réalité du terrain qu’elles, condamner leurs projets et prises de position politiques, jusqu’à menacer de mettre en danger leur existence pour s’assurer leur obéissance.

Nous, salarié-es du secteur associatif, dénonçons ce mépris pour les associations et toutes les atteintes aux libertés civiles qui se sont multipliées depuis 2017, contre la liberté de manifester, la liberté de la presse et la liberté d’association.