Historique et contexte

Début 2010, une dizaine de salarié.e.s associatifs ont décidé de créer un syndicat propre à ce secteur : ASSO, pour Action des Salarié.e.s du Secteur assOciatif.

Voici quelques constats, à partir du contexte associatif qui sont à la base de notre mobilisation pour les salarié.e.s du secteur associatif.

Contexte

En quelques décennies, le secteur associatif, qui était fondé sur un engagement bénévole, est devenu un milieu professionnel aux salarié.e.s nombreux.ses et qualifié.e.s. En France, on estime à 1,8 million le nombre de personnes qu’il emploie dans différents secteurs (santé, social, international, culture, éducation populaire, sport, etc.).

Les associations employeuses sont pour la plupart dépourvues de représentation du personnel ou de présence syndicale.

Il s’agit d’un secteur très atomisé, où nombre de salarié.e.s se trouvent seul.e.s dans de très petites structures : plus de 80 % des associations emploient moins de 10 salarié.e.s. L’organisation d’élections n’est pas obligatoire selon le code du travail pour les structures de moins de 10 salarié.e.s (6 pour la Convention de l’animation). Très peu de salarié.e.s ont une voix officielle, via un représentant.e du personnel, pour participer aux discussions sur leurs conditions de travail et pas d’appuis en interne en cas de conflit.

Le salarié, qui partage et porte souvent l’objet social de la structure qui l’emploie, fait difficilement valoir ses droits et a du mal à en parler.

La culture du secteur associatif trouve ses racines dans des engagements personnels et militants. Cela conduit à des questionnements autour du statut du salarié, de ses limites face à des employeurs, bénévoles, qui assument ou non, leurs responsabilités. Ils confondent souvent leur disponibilité à toute épreuve en tant que militant avec l’engagement professionnel de leurs salarié.e.s, dont le contrat de travail est garant.

Près de 30% des salarié.e.s associatifs ne sont pas couverts par une convention collective

(contre 8% dans le secteur privé marchand). Cet isolement contribue à faire oublier aux employeurs, voire à nous salarié.e.s, que les associations employeuses sont régies par le Code du Travail !

Nos postes de travail sont menacés et précarisés (CUI-CAE, CDD, Contrats d’avenir…), voire non-reconnus (stages, services civiques…).

Les plans d’austérité actuels frappent de plein fouet l’emploi dans les associations. A chaque restriction budgétaire, notre secteur est touché par des “plans sociaux invisibles”. Il est depuis une vingtaine d’années un laboratoire de contrats précaires.

Cette situation aboutit à des dérives dans l’application du droit du travail. Les salarié.e.s ne sont pas majoritaires au sein des associations employeuses.

ASSO chez Solidaires : pourquoi ?

ASSO rejoint l’Union syndicale Solidaires dès sa création, et en devient membre à part entière en juillet 2012.

Une brève histoire de l’Union syndicale

Jusqu’au début des années 80, dix syndicats décident de rester autonomes de toute affiliation aux confédérations (CGT, CGT-FO, CFTC, ou CFDT). Pour maintenir des revendications sociales malgré l’accession du Parti Socialiste au pouvoir, et résister au « syndicalisme d’accompagnement » appelé par les confédérations,  les syndicats autonomes se regroupent et forment le Groupe des 10.

À la fin des années 80, des mouvements sociaux, notamment à La Poste et dans les hôpitaux, conduisent à des divergences des bases syndicales avec leurs confédérations (en particulier à la CFDT qui effectue un « recentrage » en se désolidarisant des militants grévistes). Au sein de La Poste, puis rapidement chez la SNCF, la fonction publique hospitalière, etc., les militants déçus fondent les premiers syndicats SUD (Solidaires, Unitaires, Démocratiques).

SUD PTT rejoint le Groupe des Dix dès 1989 comme observateur, puis y adhère en 1992.

Les syndicats SUD se développent : en 1998, sur les 24 organisations membres du Groupe des 10, 13 sont des syndicats SUD.

Ayant identifié que le dénominateur commun de tous les syndicats le composant est « solidaire », le G10 Solidaires change de nom en 2004 pour devenir l’Union syndicale Solidaires.

Solidaires regroupe à ce jour 51 syndicats qui représentent près de 101 000 syndiqués. Si une grande partie sont des syndicats SUD (Sud PTT, Sud Éducation, Sud Santé sociaux, etc.), d’autres ont choisi d’avoir une autre nom, à l’instar d’ASSO. (La liste exhaustive des syndicats adhérents est sur le site Internet de Solidaires).

Solidaires est ainsi la somme d’histoires syndicales singulières qui forment le creuset d’une histoire collective en perpétuelle construction.