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Enquête sur les conditions de travail dans le milieu associatif en Hauts-de-France

La section 59/62 d’ASSO Solidaires lance une grande enquête régionale pour donner la parole aux salarié·es du secteur associatif. Objectif : documenter leurs conditions de travail, rendre visible leur réalité professionnelle et porter des revendications à partir de leurs témoignages.

Les salarié·es du secteur associatif représentent une part essentielle du tissu social en Hauts-de-France. Présents dans des domaines aussi variés que la culture, le sport, l’environnement, l’action sociale ou encore l’éducation populaire, ces professionnel·les œuvrent souvent dans l’ombre, dans un contexte de précarité croissante et de fragilisation structurelle du secteur.

Pour faire entendre leur voix, le collectif ASSO de Solidaires lance une enquête ouverte à toutes les personnes salariées d’associations dans la région, quels que soient leur contrat, leur ancienneté ou leur fonction. Le questionnaire aborde de nombreuses thématiques : conditions d’emploi, charge de travail, reconnaissance, hiérarchie, discriminations, droits syndicaux, santé au travail, etc.

L’objectif de cette enquête est double. D’une part, dresser un état des lieux précis et réaliste des conditions de travail dans les associations. D’autre part, construire collectivement des revendications à partir de ces constats, afin d’alimenter les actions syndicales, les négociations collectives et les mobilisations à venir. Il s’agit aussi de visibiliser un secteur encore trop souvent ignoré dans les politiques publiques comme dans les débats sur le travail.

L’enquête est ouverte du 1er juillet au 30 novembre 2025. Elle est totalement anonyme et prend environ 15 minutes à remplir. Elle s’adresse à toutes et tous, sans condition de syndicalisation.

ASSO 59/62 appelle l’ensemble des salarié·es concerné·es à y participer massivement et à la relayer dans leurs réseaux professionnels et militants. Car plus les réponses seront nombreuses, plus le message porté collectivement sera fort.

Voici le lien pour participer à l’enquête ou pour relayer sur les réseaux sociaux :

https://framaforms.org/enquete-sur-les-conditions-de-travail-dans-le-milieu-associatif-en-hauts-de-france-1747123898

ASSO Île-de-France : Soutien à la marche des fiertés de Paris

Le 3 juin, l’Inter-LGBT[i] a dévoilé l’affiche de la « Marche des Fiertés » qui aura lieu le 28 juin à Paris avec comme mot d’ordre : « Contre l’Internationale réactionnaire, queers de tous les pays unissons-nous ». 
Une vague de haine de la droite et l’extrême-droite appuyée par le Rassemblement National a alors déferlé depuis sur le collectif, et la région Ile de-France suivie de la DILCRAH ont retiré leurs logos de l’affiche mais surtout leurs financements. 


Cette énième polémique portée par l’extrême-droite et relayée dans les médias s’inscrit dans une logique de harcèlement contre tout·e·s celles et ceux qui s’expriment contre les LGBTIphobies, le racisme et le sexisme. Les attaques contre la communauté LGBTQIA+ se sont accrues avec notamment une offensive transphobe importante et la multiplication des attaques sur les réseaux sociaux mais aussi physiques contre les associations LGBTI et féministes.


ASSO Ile De France dénonce les attaques répétées de Valérie Pécresse depuis son élection à la présidence de la région Ile-de-France en 2015 contre les associations de défense des LGBTI+ dont fait partie l’Inter-LGBT. Rappelons que celle-ci s’est illustrée par le passé par son soutien à la Manif pour tous. Nous ne sommes pas dupes: cette attaque n’est qu’une excuse pour justifier la mise à exécution des coupures de subventions dans les domaines de la culture, la santé sexuelle, la jeunesse et le sport qui étaient de toute façon prévues par la coalition conservatrice à la tête de la région Ile-de-France.

Nous condamnons avec fermeté les propos racistes et discriminatoires formulés dans le cadre de cette polémique. Alors que l’affiche avait pour souhait d’être inclusive en représentant la diversité des personnes mobilisées pour les droits des personnes LGBTQIA+ et la convergence des luttes face au fascisme symbolisé par un homme attrapé par la cravate et assommé, dans un contexte de montée des politiques et des violences d’extrême droite suprémacistes notamment en Europe. Cependant, les réactionnaires sont partis billes en tête, suivis par leurs allié·es dont la présidente de la région Valérie Pécresse. Nous souhaitons par ailleurs soutenir les « Prides » partout où elles sont interdites dans le monde, comme récemment en Hongrie. Dans ce contexte de recul des droits en France et à l’international, nous pointons l’irresponsabilité de la décision de la Région Ile-de-France qui contribue à la diabolisation des revendications de la Marche des Fiertés et à compromettre sa sécurité et son avenir.

Comme toujours nous déplorons les menaces de coupures de subventions aux associations. En effet, l’arrêt des financements des associations est une vraie attaque contre leur indépendance et une grave atteinte à la liberté d’expression et d’opinion politique. Nous tenons à réaffirmer que le projet des associations doit être régi par une démocratie interne, de contribuer au bien commun et ne doit surtout pas se soumettre au bon vouloir de politiques que ce soit pour des intérêts électoralistes ou idéologiques. Nous ne pouvons pas accepter la vision politique d’un monde associatif réduit à un rôle de porteparole de l’État, sans possibilité de d’exprimer des points de vue différents. Le monde associatif doit rester un acteur social et démocratique indépendant et un contre-pouvoir. Nous disons « Non à la censure et aux chantages aux subventions ! »

Ces menaces pèsent directement sur les travailleuses et travailleurs des associations dont les emplois sont mis en danger du jour au lendemain selon l’humeur des financeurs. Pire, dans un contexte de hausse des agressions LGBTIphobes et racistes, ces attaques portées par la droite et l’extrême-droite sont de véritables invitations à s’attaquer aux associations de défense des LGBTI et des droits humains. Cette situation tendue constitue une aggravation directe de la santé mentale et physique des travailleur·euses des associations LGBTI+ déjà précarisé·s et dont les conditions de travail sont devenues de plus en plus difficiles.

ASSO-Solidaires Ile De France soutient les salarié·e·s, volontaires en service civique et tous·tes les travailleur·euses qui ont été touché·es par cette attaque. Le 28 juin, nous marcherons ensemble pour les droits des personnes LGBTI+ et contre l’offensive réactionnaire


[i] L’inter-LGBT regroupe des associations travaillant sur les questions LGBTI

Enquête conditions de travail dans l’associatif en Haute-Garonne

Enquête conditions de travail dans l’associatif en Haute-Garonne

Note de synthèse de l’enquête

Origines et objectifs de l’enquête

La section locale ASSO31 a lancé sa première enquête-action sur les conditions de travail dans le secteur associatif en Haute-Garonne en 2022. A l’instar des enquêtes ouvrières réalisées au sein d’une même entreprise/usine, les objectifs de cette enquête départementale sont multiples :

  • Créer une enquête avec un effet de conscientisation à l’échelle individuelle sur ses droits et conditions de travail
  • Avoir un outil pour démarrer des discussions sur les lieux de travail et favoriser les questionnements et démarches avec des collègues
  • Diffuser les résultats pour réaliser le commun
  • Construire des revendications à partir des résultats de l’enquête et passer à l’action collective

De la création du questionnaire, à la diffusion de l’enquête, en passant par l’analyse et la communication des résultats, faire vivre cette enquête-action a été une aventure créatrice de multiples dynamiques collectives (voir plus de détail sur le méthode p. 23).

Résultats clés

Voici les principaux constats et enseignements tirés de l’enquête :

Instabilité et turn over

Les longues carrières sont rares dans le secteur associatif : 56% des personnes en CDI se projettent, malgré leur contrat, moins de 5 ans dans leur structure et 76% des personnes en CDI travaillent depuis moins de 6 ans dans leurs structures. Si les travailleureuses dans de petites structures semblent se projeter sur du plus long terme que dans les grosses associations, le turn-over reste important. L’instabilité de l’emploi et les conditions de travail dégradées en sont les causes principales.

Rémunérations faibles

Face à un salaire médian en France de 1940€ net, seulement 20 % des salarié.es se situent au dessus et 3 % seulement au dessus du salaire moyen (2630€). 70 % des contrats précaires gagnent moins que le SMIC et 40 % gagnent moins de 600€. A même responsabilité, 70 % des personnes interrogées considèrent leur revenu comme au-dessous de la moyenne comparé à un poste en entreprise privé classique. Cette faible rémunération s’accompagne d’un manque de transparence – 31 % ne connaissent pas les écarts de salaires dans leur structure.

La norme des heures sup’ et gratuites

En moyenne, les répondant.es travaillent 2,4 heures en plus que dans leur contrat chaque semaine, sachant que 45,2% des personnes enquêtées dépassent les 4 heures supplémentaires par semaine. Toutefois, les dépassements des horaires s’accompagnent rarement de rémunération : seulement 10% les ont payées et 21 % des travailleur·euse·s n’ont aucune rétribution pour les heures supplémentaires effectuée.

Entre engagement et exploitation

80% des personnes interrogées conçoivent leur travail salarié avant tout comme un lieu d’engagement. Au nom de ‘la cause’, les travailleur-euses du monde associatif rognent depuis des années sur le code du travail pour maintenir à flot les structures associatives. Par exemple, plus d’un tiers des salarié·e·s ont déjà baissé leur condition de travail face aux manques de financement. Enfin, il est important de souligner que 92% des personnes qui considèrent le travail aussi comme un lieu d’exploitation ont les plus bas salaires.

Déborder d’un cadre rarement prescrit

Seulement 7% des interrogé·e·s affirment ne pas déborder de leur cadre légal de travail. A contrario, 47% des personnes n’ont pas de fiches de poste qui détaillent les missions prescrites dans le cadre de leur contrat de travail. Face à ce manque de cadre, un tiers des salarié·e·s décrivent des situations de souffrance au travail.

(Auto)-exploitation et conflits

Si les débordements du cadre sont souvent « décidés » par les salarié-es elleux-même pour ‘la cause’ et pallier un manque de moyen pour réaliser leur mission, la moitié des débordement sont prescrits par les hiérarchies. L’associatif n’échappe pas aux conflits salariaux et rapports de pouvoir avec une hiérarchie. 20 % des répondant.es déclarent avoir des relations très compliquées voire mauvaises avec leur direction ou Conseil d’Administration.

Des risques sur la santé

Le manque de moyens et la culture de l’engagement accentuent les obstacles à faire valoir son droit à l’arrêt maladie : 30% des enquêté·e·s ont des grandes difficultés pour se mettre en arrêt de travail. Cette difficulté s’accroît dans les TPA où 73 % des personnes qui déclarent impossible ou presque-impossible de se mettre en arrêt travaillent dans des structures de moins de 11 salarié·e·s. Or, 48 % des travailleur·se·s déclarent faire une activité où il existe des risques de maladie professionnelle. Les 3/4 des personnes n’ayant aucune prise en charge de leur mutuelle par leur employeur travaillent dans des TPA de moins de 11 salarié·e·s. Le manque de prise en compte des risques psycho-sociaux entraîne des maladies professionnelles et explique aussi en partie le turn-over important du secteur.

Du télétravail ou travail à domicile ?

Les petites structures (moins de 11) sont celles où le télétravail est le plus fréquent (58% des personnes qui font régulièrement et 82% majoritairement du télétravail) et souvent celui-ci est non encadré (aucun équipement pour 44 % de ces personnes). Le télétravail est rare dans l’associatif, il s’agit le plus souvent de travail à domicile pour pallier l’absence d’espaces de travail de qualité ou l’incapacité de se rendre sur le lieu de travail.

Manque d’information et de formation sur le droit au travail

Dans l’enquête, malgré la sur-représentation de personnes syndiquées, 16% des salarié·e·s considèrent ne pas être du tout informé·e·s sur leurs droits au travail malgré de hauts diplômes et des emplois dans le social ; 1 personne sur 6 ne connaît pas sa convention collective (et donc l’existence de droits spécifiques) ; presque 1 personne sur 2 ne connaît pas l’existence d’accord dans sa propre association.

Absence de droits collectifs

L’absence d’accord collectif va de pair avec l’absence de structure de négociations ou la méconnaissance des recours possibles pour les salarié·e·s. L’imaginaire « tous dans le même bateau » induit l’absence de négociation entre syndicat et employeur et donc l’absence de droits collectifs. En cas de problème au travail, seulement 7% des interrogé·e·s contacteraient un syndicat.

Revendications des enquêté·e·s

Enfin, différents types de revendications ont émergé (liste complète p.19) :

  • Une justice salariale afin de revaloriser les salaires, de payer les heures supplémentaires et de promouvoir l’égalité salariale
  • En finir avec les contrats précaires afin de stabiliser les emplois dans le secteurs en mettant fin au CDII et aux dispositifs des services civiques.
  • Renvoyer la responsabilité d’État de sécuriser les financements des associations : la fin de la logique de financement par projet et le retour aux subventions pluri-annuelle de fonctionnement
  • Cesser les débordements « au nom de la cause » – pour un respect de la fiche de poste et du contrat de travail…