Trois salariées travaillent gratuitement. Leurs salaires ne sont plus versés depuis août. Elles n’ont plus d’employeur, plus d’interlocuteur. Elles ne sont pourtant pas salariées d’une usine délocalisée, dont le patron-voyou, est parti du jour au lendemain. Elles sont salariées de l’Association Mouvement Français pour le Planning Familial, basée à Lézignan Corbières dans l’Aude. Celle-ci a été dissoute le 1er juillet 2019, pour carence de Conseil d’administration employeur*. Depuis plusieurs années, les salariées proposaient au Conseil d’administration l’intervention de personnes extérieures afin de réfléchir sur les rôles et places de chacun-e, les processus de décision et les rapports de pouvoir. Hélas cela n’a pas abouti. Cette association n’a donc plus de responsable légal depuis mi-juin. Ses moyens de paiement ont été bloqués. Les salariées n’ont plus les moyens de travailler : elles se déplacent en stop pour leurs trajets professionnels, leurs téléphones pro ont été coupés… Certaines sont aujourd’hui en arrêt maladie.
Comment
peut-on afficher son militantisme publiquement lorsqu’on est capable
d’organiser un vide juridique qui ne donne aucun autre choix aux
salariées que travailler sans salaire pendant plusieurs mois? La
demande de liquidation a été déposée en août. Les
salariées ne seront fixées sur leur sort qu’après octobre…
En
plein grenelle « schiappatiste » des violences conjugales, le
Planning Familial de l’Aude, association départementale partie
prenante de la lutte contre les violences faites aux femmes, ferme
ses portes…
Il n’y
aura plus : d’entretiens individuels d’accompagnement sur les
violences dans tout le département et particulièrement en milieu
rural, d’actions collectives de prévention des violences (ateliers
d’autodéfense féministe, éducation à la sexualité avec les
jeunes), de groupes de parole d’hommes auteurs de violences.
Le
Planning Familial de l’Aude est en voie d’extinction. Non pas pour
une fois pour des raisons financières contrairement à beaucoup
d’autres associations de lutte contre les violences faites aux
femmes, mais bien du fait de violences organisationnelles.
Comment
peut-on prétendre défendre des valeurs féministes alors que la
fermeture de l’association est organisée à la va-vite, au détriment
des salariées et du public?
Le
planning de l’Aude n’était pas en difficulté financière. Ce
n’est pas une petite structure isolée: le Planning Familial est
composé de multiples associations locales, mais également
régionales, fédérées même au niveau national… Pourquoi,
dans une telle structure, devant l’impossibilité de l’association
départementale d’assurer ses obligations d’employeur, les
associations régionales ou nationales n’ont-elles pas pris le
relais?
Tant que
la liquidation n’a pas été prononcée et les licenciements mis en
place, les salariées du Planning 11 sont toujours en poste.
L’Union
syndicale Solidaires de l’Aude et le syndicat ASSO
Solidairesdemandentà
la fédération régionale Occitanie du
planning familial de
prendre
en charge les
salaires des
travailleusesainsi
que la mise à disposition de leurs outils de travail et la
reconnaissance des préjudices subis.
Les
courriers de soutien peuvent être adressés à
solidaires11@outlook.fr
Contacts :
ASSO
Solidaires- Sylvie 06 26 70 53 34 Solidaires
– Marijo 06
70 76 95 79
–
Rapide rappel des évènements :
–
Le
9 avril, le
Conseil
d’Administration validait le principe d’une intervention extérieure
qui
n’a jamais eu lieu.
Les
salariées ne seront pas conviées aux prochaines
réunions
et
ne reverront les co-président-es qu’à l’Assemblée Générale,
2 mois après pour l’annonce de
la
proposition
de dissolution.
–
12 juin :
démission collective du
CA
– Le 15
juin, lors de l’Assemblée Générale du Planning Familial de l’Aude,
les 7 co-président-e-s du précédent CA interpellent les
adhérent-e-s sur leur épuisement, dissuadant les éventuels
successeurs et préconisent la dissolution.
– Le
rapport financier précise que l’association est viable
financièrement, le rapport d’activité souligne que les partenaires
et le public reconnaissent l’utilité des actions.
– Le 1er
juillet 2019, l’Assemblée Générale Extraordinaire vote à une voix
près la dissolution de l’association pour carence de CA. Les
salariées continuent leur travail dans l’attente de leur
licenciement.
– Le 29
juillet, le compte en banque a été « bloqué », ce qui a
comme répercussion de grandes difficultés pour les salariées à
réaliser leurs missions : coupure des téléphones portables
professionnels, impossibilité de se faire rembourser les frais, de
mettre de l’essence dans la voiture de service etc. Les salaires ne
sont plus payés.
– Le 9
août un dossier de demande de liquidation au Tribunal de Grande
Instance de Narbonne est déposé, soit 40 jours après la décision
de dissolution.
– Le 12
août l’association est dissoute en Préfecture.
– Le 16
septembre, les ex employeurs-euses associatifs-ives sont entendu-e-s
au TGI de Narbonne mais l’audience pour désigner le
liquidateur-trice judiciaire aura lieu le 21 octobre. Cela fera donc
3 mois sans salaires, ni recours possible.
[…]