Communiqué publié par ASSO Solidaires et Solidaires Jeunesse et Sports – Janvier 2022
Il
y a quelques semaines, le Gouvernement a lancé une campagne de
communication à destination des lycéen·ne·s pour les encourager à
participer au Service National Universel. Le SNU est en phase de test
depuis trois ans et la mise en place des Missions d’Intérêt
Général (MIG) depuis cet été est un échec. Peu de missions sont
proposées, elles n’intéressent pas les associations qui n’ont
pas les capacités d’encadrer ce genre de « stage de
découverte », n’en déplaise aux préfectures qui usent
alors d’odieux chantages à la subvention pour arriver à leurs fins.
Pour rappel, l’objectif 2021 de 25 000 jeunes en séjours de
cohésion est loin d’avoir été atteint (à peine plus de 14 000
volontaires), les 50 000 jeunes visé.es en 2022 apparaissent dès
lors comme un objectif irréaliste et c’est tant mieux !
Pour
une politique publique ambitieuse en faveur de l’émancipation
L’entêtement
de Blanquer et de la Secrétaire d’État à la Jeunesse et à
l’Engagement à faire passer aux forceps ce projet aussi dangereux
qu’inefficace pourrait prêter à sourire. Malheureusement le SNU
est aujourd’hui quasiment la seule proposition du Gouvernement
faite à la jeunesse, et cette obstination provoque des souffrances
bien réelles pour notre société, pour les jeunes, les « acteurs
jeunesse » et leurs animateur·ice·s.
Le
SNU coûte « un pognon de dingue » (62,2 millions d’€
en 2021, 3,4 milliards d’€ à termes d’après le nouveau rapport
de la Cour des Comptes) et s’appuie sur une vision étriquée et
régressive de la jeunesse, de l’engagement et des rapports
sociaux. Non, la Jeunesse n’est pas responsable des fractures qui
traversent la population française et sur lesquelles le gouvernement
et l’extrême-droite font leur beurre. Oui, il y a un enjeu à
(re)créer du dialogue et de la démocratie au sein de nos
territoires. Non, l’engagement ne peut pas exister sous la
contrainte. Oui, l’engagement est émancipateur quand il s’inscrit
dans des démarches d’éducation populaire et de développement de
l’esprit critique.
La
République ne se décrète pas, elle se construit au jour le jour
Le
SNU et la communication gouvernementale incarnée par Sarah El Haïry
(Secrétaire d’Etat à la Jeunesse et à l’Engagement) sont marqués
par une logique d’endoctrinement et de martellement démagogique
s’appuyant sur des concepts vidés de leur sens ou dévoyés tels
que « valeurs républicaines », « laïcité »
ou encore « envie de France ». On ne soigne pas les
fractures d’une société avec un matraquage idéologique creux. En
plus de représenter un danger pour notre démocratie, cette démarche
est loin de répondre aux enjeux de défiance d’une partie toujours
plus importante de la population envers les institutions, quand le
jeu du gouvernement est de poursuivre dans le même temps la
destruction des services publics (hôpitaux, écoles, universités,
secteur culturel…).
Plus
personne ne veut du SNU
Les
différentes expérimentations depuis 2019 ont montré l’immense
difficulté de l’État à mettre en place ce dispositif en passant
de force et sans concertation des concerné·e·s. La grogne des
encadrant·e·s du séjour de cohésion de l’été dernier, qui
attendent toujours leurs paies, ne vient que le confirmer. En plus de
ne pas avoir été payé·e·s à temps, il·elle·s étaient en
contrat précaire (Contrat d’Engagement Éducatif), et le seront de
nouveau en 2022.
Aujourd’hui,
plus personne ne croit au SNU, ni les organisations et mouvements de
jeunes qui se sont majoritairement exprimés contre le SNU et ont
refusé de collaborer à sa mise en place, ni celles qui ont pu
s’engager dans un premier temps dans les expérimentations, ni même
les agents de l’État en charge du dispositif qui sont aujourd’hui
en grande souffrance, sous pression de l’État et en
sous-effectifs.
Des
services « Jeunesse et Sports » instrumentalisés
Le
SNU a des conséquences dramatiques sur les services « Jeunesse
et Sports » dont les sous-effectifs sont très importants. Ce
dispositif crée de fortes tensions internes dans les services, il
génère aussi un accroissement énorme des charges de travail avec
comme effet un nombre croissant des arrêts maladie et détourne les
agents de leurs missions d’accompagnement et de conseil du secteur
associatif. De plus, l’abaissement du taux d’encadrement qui passe à
un·e encadrant·e pour 8 jeunes (contre 1 pour 6 en 2021) inquiète
grandement quant à la sécurité des jeunes et des salarié·e·s.
Une
nouvelle phase d’expérimentation au service de la campagne de M.
Macron
Nous
dénonçons la mise en œuvre du SNU en 2022 qui prévoit une large
communication du Gouvernement à destination des jeunes, dans les
mois qui précèdent les présidentielles. Elle est une nouvelle
preuve de l’incapacité du Gouvernement à faire face aux problèmes
que rencontrent actuellement les jeunes. Cette manœuvre politique
incarne à elle seule les raisons de la défiance des jeunes
vis-à-vis de la politique et est indigne de l’urgence dans
laquelle se trouve une partie de la jeunesse.
Malgré
une mise en place difficile et conflictuelle du dispositif depuis
3 ans, le Gouvernement s’entête à le déployer dans tous les
départements. L’État en grande difficulté en 2021 pour organiser
un séjour par département a décidé pour 2022 d’en organiser 2 par
départements (et 3 dans certains départements). Ces derniers se
dérouleront en février, en juin et en juillet et parfois sur le
temps scolaire, ubuesque ! De surcroît, pour les séjours de
février (un département par académie), seulement 4000 jeunes sont
attendu.es : une mascarade électoraliste !
Le
SNU c’est toujours NON !
Nous
appelons toutes les personnes concernées de près ou de loin par
cette nouvelle expérimentation à s’y opposer, à s’organiser
collectivement pour refuser de participer à cette mascarade et
boycotter ce dispositif ridicule et dangereux, loin d’être à la
hauteur des enjeux.
Nous soutenons et soutiendrons celles et ceux qui luttent au quotidien, notamment au sein des services de l’État et dans les associations !
Le
Service National Universel Quésako ?
Présenté
par le gouvernement comme un »un projet d’émancipation de la
jeunesse », le SNU s’adresse à tous les jeunes de 15 à 17
ans. Actuellement proposé sur la base du volontariat, il a vocation
à devenir obligatoire.
Il s’articule en trois étapes tournées autour de « l’engagement » :
1) un séjour de cohésion de deux semaines
2) une mission d’intérêt général de 84 heures
3) la possibilité d’un engagement volontaire d’au moins 3 mois
Le séjour de cohésion est très marqué militairement, il se déroule en uniforme, les journées sont rythmées par des temps très patriotiques (Marseillaise, levée des couleurs)
Contacts :
Contactez-nous pour vous soutenir dans vos mobilisations !
ASSO Solidaires
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Solidaires Jeunesse et Sports
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