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Le 8 mars 2024 – Travailleuses du secteur associatif en grève féministe pour défendre nos retraites

Féministes tant qu’il le faudra !

Pour défendre nos choix, nous faisons grève pour la liberté d’avorter, un droit fragile, dans le monde comme en France où l’on nous parle de « réarmement démographique »

Nous faisons grève contre celles et ceux qui se font les gardien·nes de la morale féministe et qui prétendent dire quelles sont les « bonnes » associations féministes et quelles sont les « mauvaises ». Ces « mauvaises » associations seraient indignes des maigres subsides que l’État alloue aux associations qui luttent pour l’égalité ou pour l’intégrité des femmes et des personnes perçues comme femmes. Nous défendons l’autonomie des femmes et de leur mouvement et nous condamnons toutes les atteintes à la liberté associative.

Nous faisons grève contre la précarité alimentaire et énergétique, qui touche les plus pauvres d’entre nous, et majoritairement des femmes. Les conséquences des politiques libérales sur les revenus ou le marché du logement appauvrissent et précarisent en premier lieu les femmes et mettent à mal leurs besoins fondamentaux.

Nous faisons grève contre les violences sexistes et sexuelles, contre l’impunité des agresseurs, contre les violences gynécologiques et obstétriques.

Nous faisons grève pour les femmes et leurs enfants dans les zones de guerre, qui subissent les bombardements, les exodes, les viols de guerre.

Nous faisons grève pour les femmes dont les corps et les terres sont livrées à l’exploitation capitaliste sous ses formes les plus violentes.

Nous faisons grève plus que jamais pour défendre le droit à la retraite des femmes, mis à mal par la dernière réforme.

Nous faisons grève contre les inégalités dans le monde du travail et dans la sphère familiale qui se répercutent sur le salaire et l’emploi des femmes. Ces inégalités sont amplifiées au moment de la retraite, laissant de nombreuses femmes sans moyen pour vivre dignement.

ASSO-Solidaires revendique

  • L’amélioration des conditions de l’emploi des femmes et des personnes perçues comme femmes, et la revalorisation des métiers dits féminisés, en particulier dans le secteur associatif ;
  • Le Smic à 1700 € ;
  • Le droit à la retraite à 60 ans sans décote et le départ anticipé à 55 ans pour pénibilité ;
  • Le partage d’un congé parental mieux rémunéré ;
  • Un vrai service public de la petite enfance et des prises en charge de la dépendance ;
  • Le maintien des dispositifs préférentiels pour les femmes tant que l’égalité salariale et l’égalité de prise en charge des enfants n’est pas réalisée.
  • La constitutionnalisation du droit à l’avortement mais avec de vrais moyens pour y accéder et sans culpabilisation des personnes qui avortent.
  • Le droit d’être libres de nos choix vestimentaires, de nos corps, à vivre nos identités de genre et nos sexualités.
  • 3 milliards pour se donner les moyens d’une vraie lutte contre les harcèlements sexuels, les féminicides, et toutes les autres violences faites aux femmes au travail et partout

Pour ça, et parce qu’ensemble nous sommes puissantes, nous serons toutes en grève le 8 mars !

Comment est né le 8 mars ?

Le 8 mars est une journée internationale mettant en avant la lutte pour les droits des femmes et notamment pour la réduction des inégalités par rapport aux hommes.

Cette journée est issue de l’histoire des luttes féministes menées sur les continents européen et américain.

À la suite d’une proposition de Clara Zetkin en août 1910, l’Internationale socialiste des femmes célèbre le 19 mars 1911 la première «Journée internationale des femmes» et revendique le droit de vote des femmes, le droit au travail et la fin des discriminations au travail. En Allemagne, en Autriche, au Danemark et en Suisse, plus d’un million de personnes participent aux rassemblements.

Le 25 mars 1911, un incendie dans un atelier textile de Triangle Shirtwaist à New York tue 140 ouvrières, dont une majorité d’immigrantes italiennes et juives d’Europe de l’Est, enfermées à l’intérieur de l’usine. Cette tragédie, liée à l’exploitation des femmes ouvrières, a un fort retentissement et est commémorée par la suite lors des Journées internationales des femmes qui font alors le lien entre lutte des femmes et mouvement ouvrier.

En 1913 et 1914, dans le cadre du mouvement pacifiste de la veille de la Première Guerre mondiale, des femmes d’Europe organisent fin février ou début mars des rassemblements contre la guerre. En 1914, c’est le 8 mars qui est retenu.

En 1917, en Russie, alors que deux millions de soldats sont morts pendant la
guerre, des femmes choisissent le dernier dimanche de février pour faire grève et réclamer «du pain et la paix». Ce dimanche historique tombe le 23 février dans le calendrier julien alors en vigueur en Russie et le 8 mars dans le calendrier grégorien : c’est le début de la Révolution russe. Quatre jours plus tard, le tsar abdique et le gouvernement provisoire accorde le droit de vote aux femmes.

Le 8 mars 1977, reprenant l’initiative communiste et à la suite de l’année internationale des femmes de 1975, l’Organisation des Nations unies adopte une résolution enjoignant à ses pays membres de célébrer une
«Journée des Nations unies pour les droits de la femme et la paix internationale» : l’occasion de faire un bilan sur la situation des femmes dans la société et de revendiquer plus d’égalité en droits.

Traditionnellement, les groupes et associations de femmes militantes préparent des manifestations partout dans le monde, pour faire aboutir leurs revendications, améliorer la condition féminine, fêter les victoires et les avancées.

La « grève féministe » est aussi un slogan politique qui renvoie au système patriarcal. Elle appelle à cesser le travail, les soins, les tâches domestiques, les études et la consommation !

Pour connaître vos droits, contactez ASSO-Solidaires
Rejoignez nous ! Syndiquez vous ! Mobilisons nous !

STOP à l’instrumentalisation du combat féministe !

Le 19 février 2024

La ministre Aurore Bergé a menacé dimanche 11 février de couper les subventions des associations féministes « à la moindre ambiguïté » sur l’attaque du 7 octobre. Nous dénonçons l’instrumentalisation du combat féministe pour punir celles et ceux qui ont des opinions divergentes de celles du gouvernement.

Ni Aurore Bergé, ni les autres ministres, ni Emmanuel Macron n’ont de leçon de féminisme à faire aux féministes.

Depuis 2017, depuis que le mouvement des femmes est devenu incontournable, Macron et ses ministres n’ont eu de de cesse de s’en réclamer tout en le mettant au service de leur agenda, aux dépens des femmes qui plus que jamais luttent contre les violences et les discriminations.

Tout en faisant du féminisme la « grande cause du quinquennat », le président Macron et ses ministres n’ont eu de cesse de saboter le travail contre les violences sexistes et sexuelles : 

• inquiétudes sur « une société de la délation généralisée » (E. Macron, 25 novembre 2017), 
• déguisement du sous-financement des associations (« 420 millions dédiés à la lutte, vraiment ? », encore en 2017),
• traitement « d’homme à homme » et complaisance envers les ministres accusés de violences sexuelles,
• soutien aux personnalités accusées de violences sexuelles, qui feraient « honneur à la France »,
• instrumentalisation et traitement différencié des violences sexuelles, celles des « ennemis » politiques devant être sans cesse rappelées et condamnées tandis que celles des alliés sont tues, le féminisme étant ainsi utilisé dans des procès à charge, souvent sur fond de racisme.

La menace de cesser de financer les associations féministes s’inscrit dans une longue suite de prises de positions préjudiciables aux femmes et complaisantes envers leurs agresseurs, mal cachées derrière des discours pseudo-féministes. Nous dénonçons cette manie de s’en prendre aux libertés associatives chaque fois qu’une association ose s’exprimer contre l’avis du gouvernement. Et nous la dénonçons avec d’autant plus de vigueur quand ces associations assurent les missions de service public d’un État défaillant, qui s’est défaussé sur les associations militantes de missions essentielles comme la lutte contre les violences sexuelles, de la prévention et de l’éducation à l’accompagnement des personnes victimes.

Nous dénonçons par la même occasion cette instrumentalisation du féminisme à des fins racistes qui visent à hiérarchiser les vies humaines et à justifier un génocide. Notre féminisme ne peut qu’être anti-raciste, par et au service de la liberté de toutes les femmes. Notre féminisme n’est pas au service de l’impérialisme ou de la suprématie blanche et la lutte pour les droits des femmes ne pourra jamais être instrumentalisée pour justifier des projets coloniaux et/ou génocidaires. Notre féminisme est international et anticolonial !

La volonté hégémonique d’un président et d’un gouvernement mal élus, leur prétention à dire quelles sont les « bonnes » associations féministes et quelles sont les « mauvaises » se heurte à la réalité : ce sont les associations et les militantes féministes qui aujourd’hui font le boulot. Leurs menaces sur ces associations font de ceux qui les profèrent les ennemis des femmes et les alliés objectifs du patriarcat.

Les associations assurent souvent des missions qui ont été abandonnées par l’État, qu’il a externalisées, qu’il fait mener à moindre coût, en partie sur du bénévolat, qu’il pilote par appels à projets. Non seulement il dicte les (mauvaises) conditions matérielles de réalisation de leur action mais il prétend désormais mieux connaître la réalité du terrain qu’elles, condamner leurs projets et prises de position politiques, jusqu’à menacer de mettre en danger leur existence pour s’assurer leur obéissance.

Nous, salarié-es du secteur associatif, dénonçons ce mépris pour les associations et toutes les atteintes aux libertés civiles qui se sont multipliées depuis 2017, contre la liberté de manifester, la liberté de la presse et la liberté d’association.