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ASSO Île-de-France : Soutien à la marche des fiertés de Paris

Le 3 juin, l’Inter-LGBT[i] a dévoilé l’affiche de la « Marche des Fiertés » qui aura lieu le 28 juin à Paris avec comme mot d’ordre : « Contre l’Internationale réactionnaire, queers de tous les pays unissons-nous ». 
Une vague de haine de la droite et l’extrême-droite appuyée par le Rassemblement National a alors déferlé depuis sur le collectif, et la région Ile de-France suivie de la DILCRAH ont retiré leurs logos de l’affiche mais surtout leurs financements. 


Cette énième polémique portée par l’extrême-droite et relayée dans les médias s’inscrit dans une logique de harcèlement contre tout·e·s celles et ceux qui s’expriment contre les LGBTIphobies, le racisme et le sexisme. Les attaques contre la communauté LGBTQIA+ se sont accrues avec notamment une offensive transphobe importante et la multiplication des attaques sur les réseaux sociaux mais aussi physiques contre les associations LGBTI et féministes.


ASSO Ile De France dénonce les attaques répétées de Valérie Pécresse depuis son élection à la présidence de la région Ile-de-France en 2015 contre les associations de défense des LGBTI+ dont fait partie l’Inter-LGBT. Rappelons que celle-ci s’est illustrée par le passé par son soutien à la Manif pour tous. Nous ne sommes pas dupes: cette attaque n’est qu’une excuse pour justifier la mise à exécution des coupures de subventions dans les domaines de la culture, la santé sexuelle, la jeunesse et le sport qui étaient de toute façon prévues par la coalition conservatrice à la tête de la région Ile-de-France.

Nous condamnons avec fermeté les propos racistes et discriminatoires formulés dans le cadre de cette polémique. Alors que l’affiche avait pour souhait d’être inclusive en représentant la diversité des personnes mobilisées pour les droits des personnes LGBTQIA+ et la convergence des luttes face au fascisme symbolisé par un homme attrapé par la cravate et assommé, dans un contexte de montée des politiques et des violences d’extrême droite suprémacistes notamment en Europe. Cependant, les réactionnaires sont partis billes en tête, suivis par leurs allié·es dont la présidente de la région Valérie Pécresse. Nous souhaitons par ailleurs soutenir les « Prides » partout où elles sont interdites dans le monde, comme récemment en Hongrie. Dans ce contexte de recul des droits en France et à l’international, nous pointons l’irresponsabilité de la décision de la Région Ile-de-France qui contribue à la diabolisation des revendications de la Marche des Fiertés et à compromettre sa sécurité et son avenir.

Comme toujours nous déplorons les menaces de coupures de subventions aux associations. En effet, l’arrêt des financements des associations est une vraie attaque contre leur indépendance et une grave atteinte à la liberté d’expression et d’opinion politique. Nous tenons à réaffirmer que le projet des associations doit être régi par une démocratie interne, de contribuer au bien commun et ne doit surtout pas se soumettre au bon vouloir de politiques que ce soit pour des intérêts électoralistes ou idéologiques. Nous ne pouvons pas accepter la vision politique d’un monde associatif réduit à un rôle de porteparole de l’État, sans possibilité de d’exprimer des points de vue différents. Le monde associatif doit rester un acteur social et démocratique indépendant et un contre-pouvoir. Nous disons « Non à la censure et aux chantages aux subventions ! »

Ces menaces pèsent directement sur les travailleuses et travailleurs des associations dont les emplois sont mis en danger du jour au lendemain selon l’humeur des financeurs. Pire, dans un contexte de hausse des agressions LGBTIphobes et racistes, ces attaques portées par la droite et l’extrême-droite sont de véritables invitations à s’attaquer aux associations de défense des LGBTI et des droits humains. Cette situation tendue constitue une aggravation directe de la santé mentale et physique des travailleur·euses des associations LGBTI+ déjà précarisé·s et dont les conditions de travail sont devenues de plus en plus difficiles.

ASSO-Solidaires Ile De France soutient les salarié·e·s, volontaires en service civique et tous·tes les travailleur·euses qui ont été touché·es par cette attaque. Le 28 juin, nous marcherons ensemble pour les droits des personnes LGBTI+ et contre l’offensive réactionnaire


[i] L’inter-LGBT regroupe des associations travaillant sur les questions LGBTI

ASSO Île-de-France : Appel à la grève des associations contre les coupures budgétaires et l’austérité

La section locale ASSO-Solidaires Ile-de-France appelle à la grève à partir du 1er avril pour lutter contre l’austérité et les coupures budgétaires aux côtés des autres secteurs et syndicats qui appellent à la grève. La baisse des financements de l’État, des collectivités territoriales et du budget du service public ont un impact direct sur nos emplois, nos conditions de travail et le fonctionnement de nos assos.


Avec plus de 150 000 associations employeuses le secteur associatif compte aujourd’hui près de 2 millions de salarié·e·s. Nous sommes présent·e·s dans tous les secteurs de l’économie et de la vie sociale et en particulier là où l’Etat choisit de ne plus investir depuis des années : animation, insertion, social et médico-social, art & culture, environnement, sport, loisirs, éducation, etc.


La politique d’austérité actuelle est bien un choix politique dans une société où les seules entreprises du CAC 40 distribuent 100 milliards de dividendes en 2024 et où on remet en cause le budget consacré aux services publics et l’environnement pour préparer des guerres dont personne ne veut.


Les attaques directes contre les associations précarisent avant tous les travailleurs et travailleuses et les publics avec lesquels nous travaillons, souvent déjà précaires. ASSO-Solidaires est un syndicat qui lutte pour une transformation sociale, à ce titre nous considérons que nous devons nous organiser collectivement pour défendre nos emplois, améliorer nos conditions de travail et assurer la survie d’un secteur qui compense souvent les ravages des politiques néolibérales et de la destruction des services publics.


Malgré son engagement, le patronat associatif reste un patronat et pratique des licenciements déguisés, justifie la baisse des salaires par la crise, manque à la santé et la sécurité des salarié·e·s et pratique la discrimination syndicale.


Depuis de nombreuses années les budgets diminuent dans nos secteurs, le CESE rappelle que la part des subventions a baissé de 41% dans le budget des associations (entre 2005 et 2020). Mais avec le budget 2025 qui taille à vif dans les budgets des collectivités territoriales, c’est une nouvelle attaque contre le secteur associatif. Dans de nombreuses régions les coupes contre le socio-médical et la culture se comptent en centaines de millions, de même pour le secteur de l’insertion par l’activité économique (IAE) alors que le chomage des jeunes et des séniors explose et que la réforme de France Travail menace de radiations les nombreuxes bénéficiaires du RSA s’iel ne travaillent pas gratuitement 15 heures par semaine.
De plus, le gel du pass culture impacte directement les associations culturelles et les compagnies intervenant au sein des établissements scolaires.


Différents mouvements sociaux ont lieu dans le domaine de la culture avec une mobilisation nationale le 20 mars 2025, dans le secteur social et médico- social, ainsi qu’à France Travail, avec une mobilisation prochaine le 1er avril 2025.
Nous appelons à une convergence pour être plus nombreux et nombreuses à lutter contre cette politique de destruction du lien social.

Nous demandons :
• Un renforcement du budget de l’État et des pouvoirs publics par le haut plutôt qu’en réalisant des économies sur la solidarité, la jeunesse, la culture, l’écologie, etc.
La défense, l’accès et le développement des services publics de qualité partout sur le territoire, gages d’égalité, de cohésion sociale, d’accès aux droits. Ces services publics, dont les associations sont parties intégrantes, sont indispensables pour lutter contre la montée de l’extrême-droite et la bifurcation écologique.
La sanctuarisation des fonds dédiés à l’insertion sociale et professionnelle pour mettre en place une réelle politique publique de lutte contre la précarité et le chômage
• La fin du financement par appels d’offres ou appels à projets, mais par du soutien financier au fonctionnement et un allégement de la charge administrative

• Exiger notre dû : l’augmentation des salaires dans le public comme dans le privé et le SMIC à 2000 euros nets
• Abrogation de la réforme des retraites et retour à une retraite à 60 ans avec 37,5 annuités.
• L’Abrogation de la loi séparatisme et du Contrat d’Engagement Républicain
• L’Abrogation de la loi plein emploi

Un financement des associations à la hauteur des besoins sociaux auxquels elles répondent, avec une juste rémunération des professionnels de ces structures. Par exemple un milliard d’euros pour les associations comme demandé par le Collectif des Associations Citoyennes (et qui correspond à un peu moins que le budget annuel de la généralisation du SNU).

Nos associations sont des espaces essentiels pour faire vivre la démocratie au quotidien, lutter contre la fascisation, prendre soin, soutenir la solidarité et l’entraide. Chacune de ces coupes budgétaires est une attaque à notre projet commun d’un vivre ensemble joyeux et puissant.
Ainsi, nous appelons l’ensemble des travailleur·euses associatifs à s’organiser sur leurs lieux de travail et à rejoindre les mobilisations.


Notre organisation syndicale appelle les salarié·e·s des associations à se mettre en grève et rejoindre les actions et les manifestations interprofessionnelles à partir du 1er avril 2025 et jusqu’à ce que nos revendications soient appliquées


Contact : iledefrance@syndicat-asso.fr

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Enquête conditions de travail dans l’associatif en Haute-Garonne

Enquête conditions de travail dans l’associatif en Haute-Garonne

Note de synthèse de l’enquête

Origines et objectifs de l’enquête

La section locale ASSO31 a lancé sa première enquête-action sur les conditions de travail dans le secteur associatif en Haute-Garonne en 2022. A l’instar des enquêtes ouvrières réalisées au sein d’une même entreprise/usine, les objectifs de cette enquête départementale sont multiples :

  • Créer une enquête avec un effet de conscientisation à l’échelle individuelle sur ses droits et conditions de travail
  • Avoir un outil pour démarrer des discussions sur les lieux de travail et favoriser les questionnements et démarches avec des collègues
  • Diffuser les résultats pour réaliser le commun
  • Construire des revendications à partir des résultats de l’enquête et passer à l’action collective

De la création du questionnaire, à la diffusion de l’enquête, en passant par l’analyse et la communication des résultats, faire vivre cette enquête-action a été une aventure créatrice de multiples dynamiques collectives (voir plus de détail sur le méthode p. 23).

Résultats clés

Voici les principaux constats et enseignements tirés de l’enquête :

Instabilité et turn over

Les longues carrières sont rares dans le secteur associatif : 56% des personnes en CDI se projettent, malgré leur contrat, moins de 5 ans dans leur structure et 76% des personnes en CDI travaillent depuis moins de 6 ans dans leurs structures. Si les travailleureuses dans de petites structures semblent se projeter sur du plus long terme que dans les grosses associations, le turn-over reste important. L’instabilité de l’emploi et les conditions de travail dégradées en sont les causes principales.

Rémunérations faibles

Face à un salaire médian en France de 1940€ net, seulement 20 % des salarié.es se situent au dessus et 3 % seulement au dessus du salaire moyen (2630€). 70 % des contrats précaires gagnent moins que le SMIC et 40 % gagnent moins de 600€. A même responsabilité, 70 % des personnes interrogées considèrent leur revenu comme au-dessous de la moyenne comparé à un poste en entreprise privé classique. Cette faible rémunération s’accompagne d’un manque de transparence – 31 % ne connaissent pas les écarts de salaires dans leur structure.

La norme des heures sup’ et gratuites

En moyenne, les répondant.es travaillent 2,4 heures en plus que dans leur contrat chaque semaine, sachant que 45,2% des personnes enquêtées dépassent les 4 heures supplémentaires par semaine. Toutefois, les dépassements des horaires s’accompagnent rarement de rémunération : seulement 10% les ont payées et 21 % des travailleur·euse·s n’ont aucune rétribution pour les heures supplémentaires effectuée.

Entre engagement et exploitation

80% des personnes interrogées conçoivent leur travail salarié avant tout comme un lieu d’engagement. Au nom de ‘la cause’, les travailleur-euses du monde associatif rognent depuis des années sur le code du travail pour maintenir à flot les structures associatives. Par exemple, plus d’un tiers des salarié·e·s ont déjà baissé leur condition de travail face aux manques de financement. Enfin, il est important de souligner que 92% des personnes qui considèrent le travail aussi comme un lieu d’exploitation ont les plus bas salaires.

Déborder d’un cadre rarement prescrit

Seulement 7% des interrogé·e·s affirment ne pas déborder de leur cadre légal de travail. A contrario, 47% des personnes n’ont pas de fiches de poste qui détaillent les missions prescrites dans le cadre de leur contrat de travail. Face à ce manque de cadre, un tiers des salarié·e·s décrivent des situations de souffrance au travail.

(Auto)-exploitation et conflits

Si les débordements du cadre sont souvent « décidés » par les salarié-es elleux-même pour ‘la cause’ et pallier un manque de moyen pour réaliser leur mission, la moitié des débordement sont prescrits par les hiérarchies. L’associatif n’échappe pas aux conflits salariaux et rapports de pouvoir avec une hiérarchie. 20 % des répondant.es déclarent avoir des relations très compliquées voire mauvaises avec leur direction ou Conseil d’Administration.

Des risques sur la santé

Le manque de moyens et la culture de l’engagement accentuent les obstacles à faire valoir son droit à l’arrêt maladie : 30% des enquêté·e·s ont des grandes difficultés pour se mettre en arrêt de travail. Cette difficulté s’accroît dans les TPA où 73 % des personnes qui déclarent impossible ou presque-impossible de se mettre en arrêt travaillent dans des structures de moins de 11 salarié·e·s. Or, 48 % des travailleur·se·s déclarent faire une activité où il existe des risques de maladie professionnelle. Les 3/4 des personnes n’ayant aucune prise en charge de leur mutuelle par leur employeur travaillent dans des TPA de moins de 11 salarié·e·s. Le manque de prise en compte des risques psycho-sociaux entraîne des maladies professionnelles et explique aussi en partie le turn-over important du secteur.

Du télétravail ou travail à domicile ?

Les petites structures (moins de 11) sont celles où le télétravail est le plus fréquent (58% des personnes qui font régulièrement et 82% majoritairement du télétravail) et souvent celui-ci est non encadré (aucun équipement pour 44 % de ces personnes). Le télétravail est rare dans l’associatif, il s’agit le plus souvent de travail à domicile pour pallier l’absence d’espaces de travail de qualité ou l’incapacité de se rendre sur le lieu de travail.

Manque d’information et de formation sur le droit au travail

Dans l’enquête, malgré la sur-représentation de personnes syndiquées, 16% des salarié·e·s considèrent ne pas être du tout informé·e·s sur leurs droits au travail malgré de hauts diplômes et des emplois dans le social ; 1 personne sur 6 ne connaît pas sa convention collective (et donc l’existence de droits spécifiques) ; presque 1 personne sur 2 ne connaît pas l’existence d’accord dans sa propre association.

Absence de droits collectifs

L’absence d’accord collectif va de pair avec l’absence de structure de négociations ou la méconnaissance des recours possibles pour les salarié·e·s. L’imaginaire « tous dans le même bateau » induit l’absence de négociation entre syndicat et employeur et donc l’absence de droits collectifs. En cas de problème au travail, seulement 7% des interrogé·e·s contacteraient un syndicat.

Revendications des enquêté·e·s

Enfin, différents types de revendications ont émergé (liste complète p.19) :

  • Une justice salariale afin de revaloriser les salaires, de payer les heures supplémentaires et de promouvoir l’égalité salariale
  • En finir avec les contrats précaires afin de stabiliser les emplois dans le secteurs en mettant fin au CDII et aux dispositifs des services civiques.
  • Renvoyer la responsabilité d’État de sécuriser les financements des associations : la fin de la logique de financement par projet et le retour aux subventions pluri-annuelle de fonctionnement
  • Cesser les débordements « au nom de la cause » – pour un respect de la fiche de poste et du contrat de travail…