Associations de lutte contre les violences conjugales : « Du côté des femmes » en danger
Tribune écrite par 35 salarié·es et ancien·nes salarié·es de l’association Du Côté Des Femmes, soutenue par ASSO-Solidaires et de nombreuses autres structures, publiée sur le blog Mediapart le 3 mai 2023.
Face à une augmentation des violences conjugales, les structures du Val-d’Oise sont débordées. Alors que le département a été mis en avant par le gouvernement comme « pilote » de nouvelles mesures protectrices, celui-ci risque pourtant de se retrouver privé de la plus importante association experte dans l’accompagnement des victimes. Des salariées de « Du Côté Des Femmes » alertent sur les conséquences désastreuses des plans de licenciement et de restructuration en cours.
Depuis le 28 mars 2023, l’association Du Côté Des Femmes de la Fédération Nationale Solidarité Femme, qui accompagne les femmes victimes de violences dans le département du Val d’Oise, est en redressement judiciaire.
Avec un déficit de 1,2 millions d’euros, elle est menacée de liquidation judiciaire.
Un plan de licenciement collectif (visant 18 postes sur 57) pour motif économique et un plan de restructuration sont en cours. La fermeture de deux structures accueillant des femmes en grand danger ont été annoncés aux salarié.es le 20 avril 2023.
Nous, salarié·es, avons demandé depuis de nombreux mois un éclaircissement de la situation financière mais nous sommes resté·es sans réponse de la part de l’employeur. L’ancien président de l’association a démissionné de son poste en juin 2022, et a ensuite intégré le Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes. L’ancienne directrice générale est quant à elle partie en janvier 2023 avec une rupture conventionnelle d’un montant de 50 000 euros, laissant l’association dans une situation catastrophique.
Des choix ont été faits par l’employeur cette dernière année au détriment des salarié·es ainsi que des femmes accompagnées, comme par exemplela suppression de postes de psychologues. L’employeur estime qu’un plan de licenciement collectif et de restructuration est la seule solution pour sauvegarder l’association en vue de l’audience au Tribunal de Pontoise prévue le 16 mai 2023.
Aujourd’hui, ce sont les salarié·es, les femmes et leurs enfants accompagné.es qui subissent la mauvaise gestion de leur direction ainsi que du manque de moyens financiers attribués par l’Etat.
La restructuration de l’association va avoir un impact désastreux sur la prise en charge des femmes et des enfants co-victimes. En effet, les postes au LEAO (Lieu d’Accueil d’Ecoute et d’Orientation) sont diminués de moitié. Ils sont pourtant déjà en sous-effectif et INDISPENSABLES à l’accompagnement des familles pour se protéger (aide à porter plainte, suivi juridique avec avocats et tribunaux, protection des enfants). Ces services sont déjà fortement sollicités et surchargés, avec plus de 2000 femmes reçues par les professionnels en 2021.
L’association Du Côté Des Femmes,
qui existe depuis 40 ans sur le département du Val d’Oise, est reconnue
dans sa spécificité d’accompagnement. Il n’existe pas d’association
équivalente à ce jour sur le territoire ! En conséquence, de nombreuses
femmes victimes ne pourront plus être prises en charge, ce qui
augmentera le risque de féminicides pour les femmes victimes de
violences conjugales.
Depuis trois mois, les salarié·es se sentent livré·es à elles-mêmes, n’ont reçu aucun soutien de la part de la Fédération Nationale Solidarité Femmes, de la Fondation des Femmes ainsi que des pouvoirs publics.
Il s’agit d’un vrai scandale quand on sait que les violences faites aux femmes sont la grande cause nationale des quinquennats des gouvernements du président. Pour rappel, les métiers du secteur social sont exercés essentiellement par des femmes, et ces licenciements ne feront qu’accroître la précarité de ces salarié·es.
Nous affirmons notre refus face à ce plan de licenciements et de restructuration.
Signataires :
Cette tribune a été écrite par 35 salarié·es et ancien·nes salarié·es de l’association Du Côté Des Femmes.
Elles sont soutenues par des associations, collectifs, syndicats :
Assemblée Féministe de Montreuil (@agfeministemontreuil)
Association Stop Harcèlement de rue (@stophdr)
BalanceTaScène (@balancetascene)
CGT jeunesse feu vert Prévention 75
CGT Samu Social de Paris
CGT Papillons Blancs 91
Cœurs de Guerrières (@coeursdeguerrieres)
Citoyenneté Possible (@citoyennetepossible)
Collages féministes Marseille (@collages_feministes_marseille )
Collages Féministes Poitiers (@collages_feministes_poitiers )
Collages Féministes Rennes (@collages_feministes_rennes)
Collage féministe Stains (@collage_feministe_stains)
Collectif contre le Cyberharcèlement (@vscyberh)
Collectif Enfantiste (@collectifenfantiste )
Collectif Me Too Fac et Lycée (@metoo.facetlycee )
Collectif Travail Social du Gard
Commission de mobilisation pour le travail social (@commobtravailsocialidf)
Du Pain et des Roses (@du_pain_et_des_roses)
Fédération Sud Santé Sociaux (@sudsantesociaux)
Femmes Entraide et Autonomie
Humanity Diaspora (@humanitydiaspo)
Héro·ïnes 95 (@heroines95 )
Le Carré Citoyen (@nasteho.aden1)
Le Coin des LGBT+ Dijon (@lecoindeslgbt.dijon)
La Grenade Collectif Metz (@lagrenadecollectif)
La Section ARC-EA Sud santé sociaux
Ligue des Femmes Iraniennes pour la Démocratie – LFID
Maison des Femmes Thérèse Clerc (Montreuil- @mdfmontreuil)
Nous Toutes Paris Nord (@noustoutesparisnord)
Nous Toutes 33 (@noustoutes.33)
Nous Toutes 35 (Rennes – @noustoutes35)
Planning familial 95 (@planningfamilial)
Protéger l’enfant (@proteger.l.enfant)
Stop aux Violences Obstétricales et Gynécologiques France (@stopvogfr)
StopFisha (@stopfisha)
Sud santé sociaux 30/48
Syndicat ASSO-Solidaires (@SyndicatASSO)
Syndicat National des Jeunes Médecins Généralistes – SNJMG (@syndicatjeunesmg)
The Sorority Foundation @jointhesorority
Toulouse en luttes (@toulouseenluttes)
Union Communiste Libertaire (Groupe local de Montreuil – @ucl_montreuil@UnionCoLib)
Union Solidaires (@union_solidaires )
Why The Féminisme (@whythefeminisme )