25 novembre : la fin des violences, la révolution des consciences au travail

Le 25 novembre est la journée de mise en avant des luttes contre les violences faites aux femmes. Oui, certains hommes en subissent également, seulement ils sont très minoritaires au regard du nombre de femmes concernées. Ils sont en revanche largement responsables de ces violences. On dit ainsi que les violences faites aux femmes sont structurelles et non des faits divers qui se renouvellent. Et cela ne s’arrête pas au monde du travail, ni aux portes des associations.

Travailler dans une association, en tant que femme, est un sport de combat !

Environ 70%des emplois associatifs sont pourvus par des femmes. Bien que majoritaires, elles ne sont pas épargnées par certaines formes de violence, invisibles et ignorées si on n’y prête pas attention. Le monde associatif reflète notre société, une société violente envers les femmes. Ces violences sont notamment le fait d’hommes en responsabilité – bénévoles et salariés – qui n’ont pas tous encore pris le virage #metoo.

Combien d’entre nous pourraient témoigner de situations humiliantes et violentes sur notre lieu de travail, liées à notre condition de femme ? Des prises de parole systématiquement interrompues quand une femme parle, des remarques dévalorisantes sur son travail, des “blagues” misogynes auxquelles nous devons sourire sinon “nous n’avons pas d’humour” ? Au-delà des corps de métier où les femmes sont surreprésentées, chaque poste occupé par une femme dans les associations revêt son lot de petites humiliations. 

Combien de temps, des salariées, stagiaires et volontaires ont dû serrer les dents avant de réussir à obtenir du respect de la part de certains bénévoles ou collègues ayant du mal à concevoir une relation d’égal à égale avec une femme, notamment une femme plus jeune qu’eux ? 

Ces violences-là ne marquent pas physiquement mais peuvent caractériser des violences psychologiques : elles humilient, rabaissent et seul un cadre de travail sécurisant peut permettre à la parole de se libérer et à la honte de se dissiper. A nous toutes et tous d’être vigilant-e-s contre ces violences, et de les nommer afin que la honte change de camp.

Violences sexistes et sexuelles au travail, de quoi parlons-nous ?

En 2018, une enquête de l’Observatoire européen du sexisme et du harcèlement sexuel au travail révèle que 60% des européennes “ont déjà subi des violences sexistes ou sexuelles au cours de leur carrière.” 

Faire des avances sexuelles, des blagues ou remarques à caractère sexuel à une femme dans le cadre du travail est une infraction pénale et un motif de licenciement pour faute. Que cela soit à l’oral ou par écrit, ces faits sont graves ! Il n’y a pas besoin d’atteinte physique au corps (agression sexuelle ou viol) pour que la santé psychique des personnes qui subissent ce type de violences soit durablement altérée. Et le télétravail n’empêche pas ces violences ! Parfois il peut même les exacerber du fait de l’isolement qu’il entraîne.

Pour que le sujet soit pris au sérieux nous attendons des associations qu’elles imposent une formation obligatoire sur le harcèlement sexuel auprès de toutes les personnes en responsabilité hiérarchique et mènent des programmes de sensibilisation à destination de l’ensemble des salarié-es et d’un maximum de bénévoles.

Cependant,  sur ces sujets, quand deux personnes opposent des versions différentes, il est potentiellement trompeur de considérer que ce sont deux paroles équivalentes, le fameux “parole contre parole”. Nous savons que la dénonciation de faits relevant du harcèlement sexuel est largement inférieure aux agressions réellement vécues et cela s’explique notamment par la difficulté des femmes à être entendues et crues quand elles osent rompre le silence. Nous réclamons donc des procédures claires et protectrices pour que les femmes victimes osent témoigner et que les témoins rompent le silence.

Nous avons besoin d’allié-es ! Trop souvent les femmes victimes de ce type d’agissement ressentent de la honte et de la culpabilité, elles s’isolent… Alors si vous êtes témoin de tels agissements, ne vous taisez pas, faites savoir votre désaccord.

Enfin, le monde du travail n’est pas étanche aux violences conjugales. Les violences conjugales sont un fléau qui impacte l’ensemble du corps social, nous sommes toutes et tous concerné-es ! Compte tenu de l’ampleur du phénomène, il est inévitable que dans les associations les salarié-es soient concerné-es, directement et/ou indirectement. Nous souhaitons que nos employeurs prennent ce sujet au sérieux et s’implique dans une démarche de protection des femmes, y compris dans leur foyer.

Le 3919 en danger ! Les associations d’aide aux femmes piétinées.
Ce numéro vert pour les femmes victimes de violences est historiquement géré par la Fédération Nationale Solidarité Femmes (qui réunit différentes associations). 
« Mettre en concurrence le 3919, c’est prendre le risque de faire vaciller un réseau national d’associations de terrain et de leurs partenaires »
“Alors que les violences à l’encontre des femmes sont officiellement au cœur des préoccupations du gouvernement, ce dernier voudrait mettre en concurrence la gestion du 3919, ce qui représente un risque majeur de voir la qualité du service proposé aux femmes victimes de violences réduite, estime dans une tribune au « Monde » un collectif de personnalités […].”
Vous trouverez au lien suivant la tribune et la pétition associée :
https://www.solidaritefemmes.org/actualites/tribune-17112020

Les violences économiques subies par les femmes dans le monde du travail existent aussi dans les associations : entre plancher collant et plafond de verre, nous sommes prises en étau

Les femmes occupent très majoritairement les métiers les moins bien rémunérés et ont bien des difficultés à accéder aux postes de direction. A métier équivalent elles sont moins bien payées, elles subissent des temps partiels imposés et leur évolution professionnelle est entravée… Malheureusement, tous ces constats existent aussi au dans la plupart des associations où nous travaillons, quand bien même les femmes représentent souvent 70% de la masse salariale. Comment expliquer que nous sommes plus de 80% chez les employé-es et TAM mais moins de 50% dans les postes à responsabilité hiérarchique ?

Nous attendons que les associations mènent une politique sociale volontariste en ce domaine afin de lutter effectivement et efficacement contre les violences économiques subies par les femmes.

Prenons exemple sur les revendications de la section Asso-Solidaires du Secours Catholique

Les camarades de la section Asso-Solidaires du Secours Catholique, ont lister leur revendications à l’occasion du 25 novembre. A reprendre sans modération.

  • Faire de la sensibilisation à l’égalité auprès de tou-tes, notamment au sein des formations proposées aux salarié.e.s.
  • Avoir une procédure claire en cas de harcèlement sexuel subi par une salariée femme de la part d’un salarié, d’un bénévole
  • Avoir les chiffres H-F des bénévoles en responsabilité et que les associations se dotent de politiques associatives qui reflètent la réalité de leur réseau : c’est à dire bien souvent un très grande majorité de femmes impliquées en tant que salariées et bénévoles
  • Prévoir des accord collectifs portant sur l’égalité Femmes-Hommes avec des objectifs concrets à court, moyen et long terme pour l’amélioration du sort des femmes qui travaillent dans les associations.

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