Communiqué du syndicat ASSO-Solidaires 49 – MAI 2021
A l’heure du lancement de la campagne 2021 du Service National Universel (SNU), le recrutement de jeunes de 15 à 17 ans commence sur candidature de volontaires. Le SNU est présenté comme une « opportunité de vie collective pour créer des liens nouveaux, apprendre la vie en communauté, développer une culture de l’engagement » (article de Cé l’info n°97 avril 2021), perspectives attirantes en ces temps confinés. L’ambition de l’État est de remplacer la Journée de Défense et Citoyenneté par le Service National Universel qui contient deux phases obligatoires: le séjour de cohésion (12 jours) et la mission d’intérêt général (MIG) d’une durée équivalente. Après un test de ces deux phases en 2019 et 2020, le dispositif doit être élargi à 25 000 jeunes.
Mais, avec ce « Service National Universel », il s’agit en réalité d’une véritable opération d’embrigadement de la jeunesse et de promotion du patriotisme qui va à l’encontre des valeurs portées par l’histoire des mouvements d’éducation populaire. Comme dans de trop nombreux secteurs de la société, l’idée même d’émancipation est abandonnée au profit du contrôle et de l’ordre. Encore sur la base du volontariat, le caractère obligatoire du SNU prévu pour 2022-2023 est déjà envisagé sous peine de sanctions: interdiction de passer le code de la route ou de s’inscrire au baccalauréat ou à des concours administratifs.
Les services de l’État dans le Maine et Loire s’organisent pour le déploiement de la seconde phase, et tentent de recruter des associations pour accueillir cet été des jeunes en mission d’intérêt général. Deux cent jeunes devraient être accueillis sur le département de Maine et Loire. Ainsi, fin janvier, la Direction des Services Départementaux de l’Education Nationale du Maine-et-Loire a contacté les associations pour les inciter à trouver des missions à proposer, phase du dispositif qui « constitue une étape déterminante du dispositif pour renforcer le suivi et l’accompagnement des jeunes et leur permettre de rendre un service à la Nation. ».
Enfin, faire croire que de jeunes non formés et sur un temps très court vont pouvoir réaliser des « missions » pour les association démontre l’image dégradante qu’ont les pouvoirs publique du travail en association. Cette représentation négative est certainement amplifiée par le fait que le travail en association est un travail de soin, fortement féminisé, des catégories de travail souvent sous considérées. Notre travail est qualifié et demande des compétences et de la formation. Accueillir des volontaires sera une tâche d’encadrement sous-traitée aux associations, mais en aucun cas une aide des pouvoirs publics aux associations comme le laisse croire la communication sur le SNU.
Au delà de cela, le problème est aussi de proposer le SNU comme seule solution aux défis sociétaux à relever (en gros, crise de la citoyenneté, de l’engagement, de la solidarité). Alors que nombre d’associations œuvrent déjà dans ces domaines, elles sont de moins en moins soutenues par les pouvoirs publics dans leur action quotidienne.
Nous appelons les associations à refuser de participer à cette mascarade et à refuser de vendre leur âme pour quelques deniers publics ou pour être bien vues par les services de l’Etat déconcentrés. Les associations ne doivent pas monnayer leur image pour adoucir le dispositif et nous servir une bonne louche « d’engagement » et de bons sentiments
Cette phase d’expérimentation terminée, le rapport du Conseil d’orientation des politiques de jeunesse (COJ) du 12 mars 20211 confirme les craintes déjà exprimées dans la campagne unitaire contre le SNU2.
Ainsi ASSO réaffirme que:
- Avec le SNU, « l’engagement se confond avec la mise au pas »3: la vision de l’engagement ne doit pas être associée à l’armée et renforcer la militarisation des jeunes: « les jeunes volontaires associaient «engagement» et «corps en uniforme». D’ailleurs, dans ses campagnes de communication, le ministère des armées met en avant ce terme d’engagement. »4.
- Les moyens alloués pour le Service National Universel doivent être alloués pour l’éducation populaire porteuse de valeurs d’esprit critique et d’émancipation et pas de mise au pas. Cette politique publique du SNU va coûter extrêmement chère si elle est généralisée. Des organisations de jeunesses ont déjà demandé la réorientation de ces budgets vers d’autres politiques jeunesses5 et le soutien à des démarches d’éducation populaire, ce que nous rejoignons.
Les jeunes sont déjà engagés, pas besoin les embrigader.
Non au SNU!
1 https://jeunes.gouv.fr/IMG/pdf/coj-_avis_4_snu_adopte_le_12_mars_2021.pdf
2 https://blogs.mediapart.fr/mobge/blog/091019/lancement-du-collectif-contre-le-service-national-universel-non-au-snu
3 Idem 1
4 Idem 1
5 http://www.cnajep.asso.fr/wp-content/uploads/2021/03/Cnajep_LettreOuverte_Poljeunesse040321.pdf
Vôtre point de vue est décevant. Le SNU fait grandir les ados et leurs permet de ne pas se faire enrôler s’ils ne veulent pas.
Mon enfant en sort plus grand. Il n’a pas forcément adhérer à toutes les activités, il n’y a pas eu de problème. Il a ensuite fait dans une association pour l’environnement durant son stage. Il s’est régalé et a pris en maturité. Voilà tout.
Bonjour, nous sommes pour une autre émancipation de la jeunesse, loin de l’armée et de l’autorité du SNU. Content que votre fils n’ait pas eu de problème. Donnons des moyens aux associations qui sont les principales structures d’accompagnement extra-scolaire de la jeunesse. Le SNU c’est non !